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Christy d'Asclay

18 octobre 2012

Jus de chapeau 24-09-12 Reportage animalier Cette

24-09-12

Reportage animalier

   Cette nuit, vers deux heures du matin, je me réveille en sursaut par des cris et des bruits inhabituels dans la cage d’escalier. Ni l’odeur écœurante de sueur rance, ni la canette de bière coincée dans le dos ne parviennent à me secouer franchement la carcasse. Mon corps trop longtemps ankylosé par les excès de la veille reste prostré dans le canapé. Seul effort consenti par les neurones de mon cervelet, mes yeux qui restent hypnotisés par la lumière blanche du poste de télévision restée allumée toute la nuit. Je visualise un troupeau de gnous et de zèbres qui se prélasse à proximité du bord d’un fleuve. J’ai un besoin urgent de me lessiver les idées mais je ne sais pas par quoi commencer. Les cris dans l’escalier sont trop forts pour que je puisse me concentrer sur mes envies primaires. Je finis par trouver un briquet puis une demi-cigarette dans l’emballage carton de pizza tout en observant les déplacements paisibles des animaux de la savane.

 

La femme habitant au rez-de-chaussée frappe chez sa voisine de palier, l’étudiante aux cheveux roux. Je la connais bien, elle  est gentille cette fille; L’autre fois pendant que nous faisions la queue ensemble à l’épicerie je lui reluquais ses magnifiques fesses engoncées dans son jean impeccable. Une fois devant la caissière, la rousse s’était retournée de manière inopinée vers moi puis m’avait reconnu. Sans savoir si elle avait remarqué ou non mon petit manège, elle m’avait souri délicatement.

Dans la cage d’escalier, à nouveaux les cris et les coups sur la porte.

« Au secours ! Aidez-moi »

Pas de réponse.

S’extrayant des hautes herbes, un gnou chétif rejoint le bord de l’eau. Il s’abreuve sans se préoccuper des minuscules oiseaux qui viennent picorer entre ses fines pattes antérieures engluées dans la boue.

 

La femme monte au premier, elle tape furieusement à la porte de la retraitée, la fumeuse de goldo au caddie en osier. Elle est toujours très avenante avec les enfants de l’immeuble. A cause de l’odeur d’ammoniac suffocante qui règne à son étage, je flaire que la vielle doit avoir des chats chez elle, ça empeste grave lorsqu’elle entrouvre la porte. Je ne suis pas en reste non plus ces temps-ci depuis que l’autre est partie, quatre semaines maintenant que la vaisselle s’accumule dans la baignoire.

« Au secours ! Aidez-moi, on m’a frappé ! Ouvrez-moi »

Pas de réponse.

Le corps du crocodile est à moitié immergé dans les eaux du fleuve. Il se rapproche du rivage puis s’immobilise à l’affut de sa proie qui continu impassiblement de se désaltérer.

 

La femme - elle est jeune je le devine - monte d’un étage et cogne à la porte du rmiste du second. Il vit seul, comme moi, toutefois lui, je ne l’ai jamais vu accompagné. Je sais qu’il ne tient pas l’alcool, mais il fait de mal à personne, toute façon, il n’a pas de femme, pas de gosse, même pas un nom sur sa boite aux lettres, juste un chien jaune “Sylvestre” qui bave sans cesse sur le paillasson du hall d’entrée.

 « Aidez-moi, mes enfants sont dehors ! Ils pont très peur ! S’il vous plait ! »

Pas de réponse.

Un zèbre s’isole de son troupeau puis s‘avance vers le gnou qui reste imperturbable. Il s’arrête un instant derrière l’arrière train du gnou, s’ébroue l’échine puis vient se coller à proximité du gnou. Curieusement, le zèbre ne se désaltère pas. Il balaye simplement de sa queue les innombrables mouches qui envahissent ses rayures. On dirait que le zèbre attend. Le crocodile lui, reste immobile.

 

La femme - la mère Kowa elle je la reconnais - monte chez les beurs du troisième. Le père est chef de rayon à Super-U, mais super bien intégré. Il aime la France, les français et les bagnoles ; D’ailleurs, depuis qu’il s’est endetté avec sa nouvelle béème blanche, il fait un peu chié à baratiner tout le voisinage.

« Aidez-moi, appelez la police, je suis blessée ! Mes enfants se sont enfuis ! »

Pas de réponse.

Maintenant le gnou relève la tête de la surface de l’eau et observe brièvement le zèbre qui fait mine de se désaltérer à son tour. Le crocodile n’a toujours pas bougé.

 

La Kowa, enfin madame Kowalskischniotev arrive au quatrième, je l’écoute un long moment sangloter face à mon appartement. Je perçois sa silhouette déformée par les murs sombres et le carrelage froid qui l’isole, une main qui s’agrippe à son châle fuyant ses épaules nues. A présent, elle murmure un flot de mourants accords du bout de ses ongles qui frottent la porte.

« S’il vous plait ! s’il vous plait ! »

Soudainement, le crocodile se projette furieusement vers la berge en direction du jeune gnou qui reste complètement tétanisé. Avec une agilité incroyable, le zèbre s’intercale sur la trajectoire du monstre, puis se cabre violement en assénant deux coups de sabots foudroyants sur la gueule du reptile. Dans la confusion de l’attaque, le gnou en profite pour s’échapper et disparaître. Le zèbre bondit au-dessus des crocs du reptile puis s’échappe à son tour dans la savane.

Louise tape à ma porte.

Au son qui frappe mes entrailles, je n’irai pas ouvrir.

 

 

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24-10-11

Une vie sabotée

 

Je ne vais pas te faire de mal... Je vais juste t’éclater la gueule !

The Shining - Jack Torrance

 

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    Putain ! merde, j’avais encore jamais vu réellement ce truc de ma vie, et il fallait que ça tombe sur moi. On m’avait collé un ordre d'enlèvement sur le pare-brise et pour que la métaphore soit bien claire, un sabot avait été rivé sur la roue avant de mon Iveco. J’avais l’air de quoi là ? avec ma cartouche de cigarettes sous le bras devant mes 21 mètres cube immobilisés, au milieu de nulle part.

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Pour la suite on clique sur le lien (là juste en-dessous)

Une_vie_sabot_e_v3

 

 

14-10-11

Les chiens-loups

 

 

- Mince, il m’a mordu ce clebs !

- Oui faites attention au chien, il est un peu agressif avec les inconnus.

 

Devant lui, une espèce de berger allemand immense, croisement de bâtard avec bâtard, le poil laineux et fin tout noir, dégoulinant de flotte, lorgnait hargneusement le jarret du gamin. Sèchement apostrophé, le chien aboya sous les cris autoritaires de la femme. La menace de son bâton le fit taire définitivement. C’était un chien squelettique, mais il avait vraiment une sale tronche de loup avec ses yeux bruns en amande. Comme elle d’ailleurs, avec sa mâchoire coulée dans un moule à parpaing ; vraiment vilain. Le chien regarda craintif une dernière fois la femme, comme s’il voulait confirmer la laideur de sa maitresse et s’enfuit affolé, slalomant entre les colonnes surmontées chacune d’un vase s’alignant au pied de la haute muraille.

La dramaturge avait raison de dire qu’aucune mâchoire de bouledogue n'est plus tenace que les doigts d'une femme qui hait. Elle était sans âge, une voix ferme et des mains parsemées de tâches de son, dissimulées sous les larges manches de sa petite veste à carreau. Une petite robe noire ceinturait son postérieur volumineux. Moche, mais la coupe de Mireille Mathieu en dix fois mieux, donc pas si mal, mais juste les cheveux, le jeune homme ne cessait de reluquer ses poils de menton. D’abord il ne pouvait pas, mais ça le grattait trop, alors il la regardait à la dérobée, sans pouvoir l’envisager exaltée devant l’intimité de sa psyché. Heureusement la roseraie, aux fleurs chiffonnées donnaient un petit air de beauté à la scène. L’adolescent suivit la femme qui emprunta un escalier traversant la roseraie de haut en bas puis passant sous une tonnelle couverte de grimpants aux feuilles anémiées, elle annonça d’une voix pleine d’éclat.

- D’ailleurs vous veillerez bien à fermer l’enclos des canards, une fois que vous leur aurez donné à manger. Un de ces jours le chien va en croquer un, et je ne voudrais pas que l’un de nos pensionnaires assiste à un tel spectacle.

L’adolescent marcha dans les pas de la femme, ignorant la bête qui s’éloignait en aboyant dans le pré. Oubliant un instant l’animal, il observa les chênes centenaires pendant que la femme lui précisa que l’établissement était très bien doté en moyens financiers, que le personnel était formé aux meilleures écoles, et que son organisation inflexible ne tolérait aucune faiblesse. L’adolescent acquiesça silencieux.

- Puisqu’on est d’accord sur l’ensemble des tâches, alors comme convenu, je vous dis donc à lundi, dans trois semaines.

Pour la suite on clique sur le fichier, (là juste en-dessous)... pas tout de suite

 

 

 

13-10-11

“Pierre et le loup”, cette version ne me convient pas !

 

 

 

   Tout d’abord “Pierre et le loup” est un conte musical, c’est donc une histoire racontée par-dessus des instruments de musique. Et tandis que le récitant parle, l'orchestre ponctue le récit d'intermèdes musicaux où les différents personnages du conte sont personnifiés par les instruments. Mais tout le monde le sait déjà !

Tout petit, j’ai du écouter mille fois le vinyle de Gérard Philippe, étalé sur le lino de ma chambre à coucher, la tête à proximité du tourne-disque. Dans le livret, que je parcourrais dans tous les sens il était question de Prokofiev, un compositeur russe.

Récemment, j’ai réécouté les œuvres de ce fameux Sergueïevitch Prokofieff. Et pour “Pierre et le loup”, je me suis replongé, avec un peu de perplexité, dans une version de Tom Novembre, pas aussi bonne que celle de Gérard Philippe, mais, c’était pas si mal !

Qui a écrit cette histoire en fait ? Prokofiev est le compositeur, c’est un fait indéniable, mais l’auteur du texte, c’est lui aussi ? En fouillant à droite et à gauche, je n’ai rien trouvé m’indiquant qu’une tierce personne aurait participé à l’écriture de ce conte. Il semblerait que Prokofiev en soit le seul créateur, musique et récit.

Moi, cette version ne me convient pas !

Mais comme on ne refait pas l’histoire, j’en ai inventé une autre tout simplement.

Et avant de proposer ma version, voici la version originale, dés fois que tu ne connaitrais pas le conte musical.

 

Pierre et le loup

 

Pierre : le quatuor à cordes

L'oiseau : la flûte traversière

Le canard : le hautbois

Le chat : la clarinette

Le loup : les cors

Le grand-père : le basson

Les chasseurs : bois et cuivres, timbales et grosse caisse

 

Un beau matin Pierre ouvrit la porte du jardin et s’en alla dans les prés verts. Sur la plus haute branche d’un grand arbre, était perché un petit oiseau, ami de Pierre. "Tout est calme ici." gazouillait-il gaiement. Un canard arriva bientôt en se dandinant, tout heureux que Pierre n’ait pas fermé la porte du jardin. Il en profita pour aller faire un plongeon dans la mare, au milieu du pré.

Apercevant le canard, le petit oiseau vint se poser sur l’herbe tout près de lui. « Mais quel genre d’oiseau es-tu donc, qui ne sait voler ? » dit-il en haussant les épaules. A quoi le canard répondit, « Quel genre d’oiseau es-tu qui ne sait pas nager ? ». Et il plongea dans la mare. Ils discutèrent longtemps, le canard nageant dans la mare, le petit oiseau voltigeant au bord.

Soudain quelque chose dans l’herbe attira l’attention de Pierre, c’était le chat qui approchait en rampant. Le chat se disait, « L’oiseau est occupé à discuter. Je vais en faire mon déjeuner ». Et comme un voleur, il avançait sur ses pattes de velours. « Attention », cria Pierre, et l’oiseau aussitôt s’envola sur l’arbre. Tandis que du milieu de la mare le canard lançait au chat des " coin-coin " indignés. Le chat rôdait autour de l’arbre en se disant, « Est-ce la peine de grimper si haut ? Quand j’arriverai, l’oiseau se sera envolé. »

Tout à coup Grand-père apparut. Il était mécontent de voir que Pierre était allé dans le pré. « L’endroit est dangereux. Si un loup sortait de la forêt, que ferais-tu ? ». Pierre ne fit aucun cas des paroles de son grand-père et déclara que les grands garçons n’avaient pas peur des loups. Mais Grand-père prit Pierre par la main, l’emmena à la maison et ferma à clé la porte du jardin.

Il était temps. A peine Pierre était-il parti, qu’un gros loup gris sortit de la forêt. En un éclair, le chat grimpa dans l’arbre. Le canard se précipita hors de la mare en caquetant. Mais malgré tout ses efforts, le loup courait plus vite. Le voilà qui approcha de plus en plus près, plus près, il le rattrapa, s’en saisit et l’avala d’un seul coup.

Et maintenant voici où en était les choses : le chat était assis sur une branche, l’oiseau sur une autre, à bonne distance du chat, bien sûr, tandis que le loup faisait le tour de l’arbre et les regardait tous deux avec des yeux gourmands.

Pendant ce temps, derrière la porte du jardin, Pierre observait ce qui se passait, sans la moindre frayeur. Une des branches de l’arbre, autour duquel tournait le loup, s’étendait jusqu’au mur. Pierre s’empara de la branche, puis monta dans l’arbre. Alors Pierre dit à l’oiseau : « Va voltiger autour de la gueule du loup mais prends garde qu’il ne t’attrape ». De ses ailes, l’oiseau touchait presque la tête du loup qui sautait furieusement après lui pour l’attraper. Oh que l’oiseau agaçait le loup ! Et que le loup avait envie de l’attraper ! Mais que l’oiseau était bien trop adroit et le loup en fut pour ses frais.

Pendant ce temps, Pierre fit à la corde un nœud coulant, et les descendit tout doucement. Il attrapa le loup par la queue et tira de toutes ses forces. Le loup, se sentant pris, se mit à faire des bonds sauvages pour essayer de se libérer. Mais Pierre attacha l’autre bout de la corde à l’arbre, et les bonds que faisaient le loup ne firent que resserrer le nœud coulant.

C’est alors que les chasseurs sortirent de la forêt. Ils suivaient les traces du loup et tiraient des coups de fusil. Pierre leur cria du haut de l’arbre :

« Ne tirez pas. Petit oiseau et moi, nous avons déjà attrapé le loup. Aidez-nous à l’emmener au jardin zoologique. »

Et maintenant, imaginez la marche la marche triomphale : Pierre est en tête ; derrière lui, les chasseurs traînaient le loup, et, fermant la marche le Grand-père et le chat. Le grand-père, mécontent, hochait la tête en disant : « Ouais ! Et si Pierre n’avait pas attrapé le loup, que serait-il arrivé ? ». Au-dessus d’eux, l’oiseau voltigeait en gazouillant : « Comme nous sommes braves, Pierre et moi. Regardez ce que nous avons attrapé. »

 

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05-09-11

Le parapluie de Saint Cloud

 

“Je voulais fumer la dope, prendre de la dope, sucer de la dope, baiser de la dope, tout ce qui me tombait sous la main, je voulais l’essayer… Hey, mec, c’est quoi ? J’essaie ! Comment tu fais ? Tu le suces ? Non ? Tu l’avales ? Alors j’avale !"

Janis Joplin 1970

 

 

 

“Je t'aime pour ce que je ne suis pas, pas pour ce que j'ai déjà"

Kurt Cobain, Radio Friendly Unit Shifter

 

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- Paie ton coup, mec !

François n’entendait pas.

 

« Depuis quelques jours je vis dans le silence

Des quatre murs de mon amour

Depuis ton départ l'ombre de ton absence

Me poursuit chaque nuit et me fuit chaque jour… »

 

Huuuummmm ouis.

 

- Paie ton coup, mec !

François n’entendait pas.

 

« … Je ne vois plus personne j'ai fait le vide autour de moi

Je ne comprends plus rien parce que je ne suis rien sans toi

J'ai renoncé à tout parce que je n'ai plus d'illusions

De notre amour écoute la chanson… »

 

Clash orgasmique.

999 Emergency.

Putain c’est beau comme du New York Dolls.

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Le_parapluie_de_Saint_Cloud_v6

 

 

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Pour la scène intellectuelle

hot game

 

Pour la musique

 

 

Pour le final

 

 

 

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01-10-10

Pas de mirabelle à Kaboul

 

   

 

   En ce jeudi froid et ensoleillé, les rayons du soleil hivernal de ce début d’après-midi percent les petits carreaux dissymétriques qui ornent la vielle façade moyenâgeuse de la ferme familiale. La fenêtre du salon est entrouverte, laissant glisser l’air frais à l’étage. A travers les rideaux bonne femme, les raies de lumières valsent sur le carrelage en terre cuite, faisant jongler ses reflets sur le sol carrelé aux couleurs rubigineuses. Les tommettes hexagonales dorées sentent bon l’encaustique à la cire d’abeille et le sapin de Noël croulant sous des tonnes de boules multicolores exhale ses senteurs tout près de la cheminée allumée. Au pied de l’arbre, la magie du passé est quelque peu perturbée. Dans la crèche, autour des santons de Marie, Joseph et du petit Jésus qui dort dans son nid de paille, les bergers et les rois mages sont soumis à une rude bataille. Des Playmobils indiens et vikings font une invasion en bonne et du forme. Leurs yeux ronds et le léger sourire font fit de tous les personnages religieux ; c’est la guerre totale dans la crèche en bois. Cependant, et ce malgré le fait que les ennemis de dieu peuvent lever les bras, se pencher et tourner la tête dans tous les ses, ils ne peuvent rien contre la queue du chat qui louvoie entre les petits guerriers en plastiques bousculant tout sur son passage.

Dans la salle à manger aux meubles rustiques, madame Paulette Baushmann se dirige vers la mélodie d’aiyevilsurvaiyve de son téléphone. Malgré l’accord qu’elle avait donné à son fils pour bidouiller l’ancien drelin de son bigophone des PTT, elle se fait toujours surprendre avec regret par la nouvelle sonnerie. Elle pose son tas de linge repassé sur le buffet bas en sapin, s’essuie les mains sur son tablier aux belles fleurs fantaisistes puis fait cesser la sonnerie, en cueillant du bout des doigts le combiné en bakélite de son socle recouvert d’étoffe rose.

- aaaAAAaarghhhh…

- …Oui, allo ? qui est à l’appareil ?

 

 

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25-12-09

Pas de cadeau à Noël

« Où est passée la Mère Noël ?

 Ils l'ont fait cuire dans la ch'minée »

 Bérurier Noir

 

 

« Deux mecs sortent d'une voiture. Ils se plantent là, juste à côté. Ils ne savent pas quoi faire d'autre. »

 Richard Brautigan

  

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25 décembre 02h37.

 

- Nordahl ?

- Ouais Jørgen.

- J’ai chaud.

- Je sais…. Moi aussi Jørgen, j’ai chaud.

 

    Jørgen et Nordahl  n’aimaient pas ces pays du continent européen. Il faisait une chaleur éprouvante. Pour cette soirée, le thermomètre affichait un bon 3°. La nuit était noire, un vrai cul d’ours polaire. Les éclairages publics de la ville étaient mélangés aux guirlandes multicolores de Noël. Cette lumière intense permettait de voir le sommet de la  tour Montparnasse, effacée par une brume épaisse.

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 ***** 

 * 

 

 

Pour ceux et celles qui ont eu un peu de mal à verser une larme, l’auteur suggère de tout relire avec la BO suivante : D’abord en boucle avec “No Presents For Christmas” (King Diamond), puis avec "Mistress For Christmas" (AC/DC) et le final “Blue Christmas” (Elvis Presley).

 

 

Miles va aimer Joe

Une histoire d’amour avec des trompettes.

Une histoire d’amour sans rien.

L’une est vraie, l’autre est fausse.

 

    

    

Marie bougea ses lèvres faiblement. Elle lui chuchota.

 

 

 

 « Putain Francis, tu me tues. Laisses-moi donc écouter la musique tranquillement ».

 

 

 

Il était deux heures du matin. Tout en ne cessant de discourir, Francis jeta sa veste Armani sur le canapé et déboutonna sa chemise jusqu’à la ceinture. Il se servit un verre de “Père Labat” et s’installa lourdement dans son fauteuil high-tech. Grande marque italienne, il avait insisté lors de l’aménagement du salon.

 

 

 

Elle, Marie, les jambes croisées, renversa sa tête en arrière sur le haut du canapé. Elle se débarrassa avec rudesse de ses souliers, puis soulagé, inspira longuement. Son mal de tête la reprenait. Du bout des orteils, elle caressa la moquette mauve à poils longs. C’était doux et apaisant. Marie portait une robe moulante, satinée noire avec des reflets bleus qui lui faisait ressortir sa gorge blanche et ses épaules nues. Ses bras étaient posés sur l’assise profonde du canapé en cuir blanc. Seule avec ses pensées, elle écoutait la musique qui sortait des immenses enceintes en bois de rose. De bouts des doigts Marie effleura doucement la veste de Francis posée à ses cotés. Elle savourait heureuse ce premier instant calme de la journée.

 

 

 

Comme à chaque fois, Marie avait trouvé la soirée assommante. Et comme à l’accoutumée cette soirée avait viré tragi-comique.

 

 

 

Au commencement de leur vie commune, lorsque ils sortaient le soir chez des amis, le coté vestimentaire criant que Francis imposait à Marie ne la dérangeait pas outre mesure. Et dés le début, elle céda assez facilement aux caprices de son homme. Cependant, depuis peu, il l’avait aussi habitué à porter des vêtements de haute couture. Marie les jugeait trop léger, voir malsain. Elle était gênée et n’était pas à son aise dans ces accoutrements luxurieux.

 

Avant de quitter leur domicile pour s’inviter chez leurs amis, Francis insista sur sa nouvelle beauté. Elle s’irrita un peu, mais lui se mettait encore plus facilement en rogne. En fermant la porte d’entrée, Francis lui dit pour conclure qu’elle ne savait pas s’amuser et qu’elle l’énervait trop souvent avec son ingratitude. Il lui disait qu’il devait sans cesse penser à tout un tas de choses, qu’elle l’agaçait en permanence alors qu’il l’aimait pour deux. Et maintenant, elle allait les mettre en retard à discuter constamment. Alors Marie n’avait rien dit.

 

Ce soir, Marie avait porté tout un tas d’accessoires flamboyants et inconfortables. Des bijoux envahissants, une perruque noire et des talons de dix centimètres. Pendant qu’elle s’apprêtait une dernière fois devant la glace de l’ascenseur, elle savait qu’elle était pour lui son brillant saxophone,  son petit bijou d’exposition. Le noir mâtiné de bleu profond était la couleur préférée de son homme. En fin de compte, savoir que Francis, passé la cinquantaine aimait jouer un peu comme les petites filles, la consolait un brin de cette perte de liberté. Marie s’amusait intérieurement, lui, son grand mâle, étalon inaltérable et seigneur de leur vie commune. Dérisoire.

 

 

 

Leur soirée, un diner chez Jean-Pierre et Isabelle avait débuté vers 20 heures. Quand leur hôte ouvrit la porte d’entrée, ils s’échangèrent les compliments d’usage, un bouquet de fleurs et des rires faciles. Contrainte et gênée, Marie eut les éloges équivoques des deux hommes. Puis, ils s’installèrent tous les quatre moelleusement au centre d’un salon de soixante dix mètres carrés.

 

 

 

Cette fois, Marie encaissait une discussion autour des bienfaits de la politique réactionnaire actuelle sur les futures jeunes générations. Les mythes et les angoisses des mères face aux jeunes filles inconséquentes complétaient leur badinage.

 

Marie n’avait pas d’enfant et ne donna pas d’avis. En fait, Marie ne parlait pratiquement jamais. Et comme souvent, ce soir comme les autres soirs, elle s’ennuyait mortellement. Francis fanfaronnait et Jean-Pierre – le toujours formidable JP – leur avoua à tous les deux, avoir une maitresse, rencontré au bureau, et ce depuis douze semaines. Il admit en avoir salement honte. Une révélation datée de la veille, car Jean-Pierre avait réfléchit toute la nuit. Regards entendus entre les hommes. Et pendant que Marie se faisait rudoyer le genou par les doigts baladeurs de son mari, Jean-Pierre l’a déshabillait du regard sans pudeur. Il avait décidé pour l’instant de ne rien changer à ses amours coupables. Tout cette discussion dura pendant qu’Isabelle enfournait, défournait des apéritifs surgelés, passait, repassait de la cuisine au salon toutes les cinq minutes avec des sourires empruntés.

 

 

 

Marie se leva et se rapprocha des enceintes de musique. Derrière l’une d’elle, elle observa une peinture contemporaine monochrome. Elle tentait de s’éloigner de la discussion stérile entre les deux hommes qui discouraient maintenant sur l’art. Elle aurait bien voulu monter le son de la chaine stéréo, car les deux hommes parlaient fort et riaient grassement. Ils déblatéraient pour savoir qui, de Miles Davis ou de John Coltrane était le plus grand jazzman de tout les temps.

 

 

 

Plus tard, en débarrassant les coupes de dessert, Marie se rapprocha d’Isabelle qui était retournée en cuisine. Installée toutes les deux près de l’évier, Isabelle lui dit qu’elle avait des doutes sur la fidélité de son mari, et ce, depuis environ douze semaines. Isabelle lui dit qu’elle s’en foutait mais tout en séchant son rimmel, rêvait de le voir crever lui et son John Coltrane de merde. Malheureuse Isabelle, pensa Marie.

 

 

 

La soirée se termina sur la conclusion que Miles Davis et John Coltrane ne pouvaient être comparés. On ne pouvait juger des Demi-dieux, ainsi en avait décidé les connaisseurs.

 

 

 

Peu après minuit, Marie et Francis quittèrent leurs hôtes et revenaient chez eux en taxi. Quelques minutes à pied le long du boulevard du Montparnasse, dernières cigarettes fumées en silence, puis la traversée vers le fond de la cour en marbre rose d’Italie, les cinq étages dans leur ascenseur privé et enfin le salon morne, à l’exception de deux magnifiques tours d’enceinte HI-FI.

 

 

 

Marie et Francis se retrouvaient installés comme à l’accoutumée, lui dans son fauteuil et elle dans le canapé. Face à face. La dernière partie immuable de la nuit commençait. Elle était consacrée aux commentaires de la soirée.

 

 

 

Francis but une gorgée de rhum, puis s’adressa à Marie.

 

 

 

- Jean-Pierre ne comprend rien au jazz.

 

- Hum.

 

- Vraiment, faut qu’il arrête de discourir de ce qu’il ne connaît pas.

 

- Sans doute. Qu’est ce que j’ai mal à la tête, bon sang.

 

- Miles Davis était le plus grand jazzman de tout les temps. Coltrane n’était qu’un de ses disciples parmi tant d’autres.

 

- Tu veux bien me chercher de l’aspirine. Je suis fatiguée.

 

- Miles Davis évidemment. Alors qu’est ce que tu en penses ?

 

 

 

Marie, songeait que le monologue éprouvant de l’intellectuel à deux balles, il pouvait se le faire tout seul. Elle connaissait le piège. Francis attendait qu’elle lui réponde, espérant avec ses questions réponses la griser. Mieux la contredire, et lui imposer sa raison impériale. Ce n’était vraiment pas le moment de lui monter à la tête. Marie en était claquée d’avance, et espérait tout simplement ne plus l’entendre. Elle aurait du se coucher directement. Mais pour se vider, Marie avait toujours besoin d’écouter de la musique tranquillement au salon. Et seul si possible. Marie laissait donc la primeur à Francis à son dernier exercice d’éloquence en espérant qu’il s’épuise tout seul. Mais ce soir, elle décida de réagir différemment, brisant le processus érotico-étriquée par une singulière affirmation.

 

- Non le plus  grand c’est Joe di Mangio.

 

- Hum…

 

- Di Mangio

 

- Qu’est ce tu dis ?

 

- Joe di Mangio.

 

- C’est qui ce mec ?

 

- Ce n’est pas un homme, mais une femme. Une musicienne qui a commencé sa carrière de trompettiste à dix sept ans et est morte douze ans plus tard dans un bar suite à une rixe je crois, avec une brute stupide, un ivrogne qui n’aimait pas ses cheveux roux. Elle s’appelle Josette di Mangio mais les gens la surnommaient Joe.

 

- Qu’est ce que c’est que cette histoire ? Tu connais quelque chose au jazz, toi maintenant. A part ton prix Femina annuel, je ne te connais pas d’affinités particulières pour la culture, encore moins pour la musique.

 

- Ne sois pas si méprisant. Oui, figure-toi Francis, que je connais au moins un épisode important du monde du jazz, et il est assez truculent.

 

- Truculent ?

 

- Tiens je te ressers un verre, et tu vas voir l’histoire incroyable que je vais te raconter. Tu veux bien, chérie ? Je connais cette chronique musicale depuis bien longtemps déjà, et ce avant de te connaître.

 

 

 

Devant la surprise gênée de Francis, Marie lui raconta l’histoire de cette femme trompettiste qui s’appelait Josette di Mangio.

 

 

 

- Joe di Mangio est née en 1927 dans une plantation à Morehouse dans l’Arkansas.

 

- Morehouse c’est là ou tu es né également Marie.

 

- Oui effectivement. C’est pourquoi je connais bien cette histoire. Donc, Joe di Mangio a vécu près de la route 55 qui va de Menphis à Saint Louis. De son adolescence, on ne sait pas grand chose d’elle, parents pauvres certainement. Elle réussit, on ne sait trop comment, à apprendre la musique. Une chorale sans doute. Quand elle commence sa carrière, elle est l’artiste noire la moins bien payée de toutes les musiciennes de jazz du sud de sa région. Enfin, Joe a aussi pas mal de défauts. C’est une grande noire, trop grande, qui joue de la trompette et qui a pris l’habitude de se teindre les cheveux en roux lors de ses concerts.

 

 

 

Cela vient d’un soir d’averse ou encore très jeune, Joe décide de jouer dans un des bars miteux de sa campagne natale. Une bande de jeunes, quatre rednecks lui refusent l’entrée d’un cloaque en périphérie de la ville. Suite à ce refus, Joe proteste. Les jeunes débiles et complètement souls la repoussent à nouveau. Elle commence par s’irriter devant tant de balourdise et de nullité. Ce bar ne pourrait-il recevoir les grandes maigres au teint charbon ?

 

 

 

De fil en aiguille, les jeunes s’échauffent – une véritable dilapidation de testostérone faisandée - et l’ambiance devient surexcitation. Une explosion de violences verbales s’abat devant le bar.

 

 

 

Joe, déboule en colère dans le groupe d’individus et tente l’incursion forcée à l’intérieur de l’établissement. Elle vocifère des obscénités en menaçant tous ces petits blancs-becs poisseux avec ses poings rageurs.

 

 

 

Sans préavis, ses indignations lui valent d’être rossée par la bande des quatre garçons. Ils la trainent à l’extérieur du bar, la jettent dans la boue et lui assènent des coups de bottes. C’est une boue argileuse et orange. Ensuite, la laissant seule dans sa bauge, les jeunes repartent à l’intérieur du bar. Dehors, Joe s’est relevée lentement. Elle réajuste sa robe puis referme dignement son manteau. Elle arrange ses cheveux crottés, en essayant maladroitement de se recomposer un semblant de dignité. Puis elle ramasse sa petite valise. Elle s’immobilise un instant, les pieds ancrés dans la boue face à l’entrée du bar. Un souffle de vent lui déplace une simple mèche de ses cheveux noirs et ocre. Fière, indomptable, couverte d’ecchymoses et de crachats de la tête au pied, Joe di Mangio pénètre à nouveau dans le bar. Elle traverse un groupe de vieux affalés au comptoir et s’installe sur un tabouret. Puis elle pose sa valise sur le bar.

 

 

 

Son visage est horrible et ses cheveux épouvantablement dressés.

 

 

 

Les jeunes agresseurs qui sont assis à une table au fond de la salle regardent médusé cette rentrée royale et ensorcelante. Ils sont tétanisés par une appréhension qu’ils ne connaissent pas. Ne maitrisant pas ce qu’ils voient. Cette perche hirsute leur parait sortie tout droit d’un mauvais rêve. Ils ne moufettent pas un seul mot devant la vision de cette rébellion inouïe. En fait, ils ont peur.

 

 

 

Eux, qui tant de fois se sont battus face à des jeunes garçons de ferme, à des ivrognes pesant le quintal ou des bedonnants loqueteux, et, sommet de leur réputation, à des pères de famille en mal d’étourdissement alcoolique, sans une seule défaite, sans un seul KO. Ils sont à présent tétanisés.

 

 

 

Pourtant des femmes, ils n’en font qu’une bouchée, des filles insouciantes ils les pilonnent, des trainées ils les crèvent.

 

Mais avec Joe, assise là, face à la glace du bar, ressuscitée parmi les païens, les gamins sont affolés.

 

 

 

Puis, lentement, elle sort son instrument métallique de la boite en carton et le pose à la verticale sur le zinc. On aurait dit un immense bijou, comme un prolongement de son corps de folle silencieuse.

 

Terrifiés par l’apparition de cette grande prêtresse, les jeunes décident de prendre la fuite par une porte de service située à l’arrière du bar sans redemander leur reste.

 

 

 

Le barman, lui aussi est complètement sidéré. Croyant devoir détendre cette atmosphère funeste, il lui demande incrédule.

 

 

 

« Elle veut boire, la petite rousse ? »

 

Elle commande une bière et dans un murmure grave apostrophe le patron.

 

« Est-ce qu’elle peut jouer de la trompette, la rousse ? ».

 

Le patron ne dit rien.

 

 

 

Sur ce, Joe di Mangio s’installe au milieu de la salle et joue ses premières notes. Puis c’est un flot de notes merveilleusement envoutantes. Elle finit son concert au milieu de tous ces hommes dans une clameur toute relative. Pourtant, personne ne brise le silence de tout le reste de la soirée.

 

 

 

C’était son premier concert chez les blancs.

 

 

 

En fait, plus tard, l’inoubliable interprète de “What about the boy” ou encore “Mad Girl” se révèle être une véritable femme volcanique. Joe “use” sept maris et encore plus de chaussures à talons. Elle veut constamment se grandir, se rallonger avec des talons toujours plus hauts et des cheveux bien cabrés et toujours roux.

 

 

 

Par la suite, Joe a la fâcheuse manie de se balader avec un revolver qu’elle pointe assez régulièrement sous le nez de ses interlocuteurs.  Et lors d'une représentation, dans une ville de mineurs, elle tire sur un jeune gars du Klu Klux Klan qui l’a injurié dans un night club. Résultat, Joe effraye l’homme qui sort le bras en sang, mais vide aussi toute la salle. Puis un jour, finalement, elle meurt assassinée.

 

 

 

Après son arrestation, son meurtrier, un musicien indigent de bebop, avoua qu’il ne supportait plus les comportements de cette femme. Il avait répondu aux policiers qu’il exécrait les attitudes hallucinées de Joe di Mangio. La reine-idole était morte.

 

 

 

Il faut dire qu’à la fin de sa jeune vie, son jeu de trompette n’est que transes violentes et animales. Au delà de la répartition de ses tempos déséquilibrés, sa célébration du continent noir et ses rites vaudous étaient devenus pour certains insupportables. Le groove roi la possédait complètement, lorsque Joe jouait. Ses déhanchements lascifs appelaient trop souvent les désordres humains dans les bars et dans les clubs de danse. Ses débordements voluptueux ont fini par exaspérer un de ces minables musiciens mâles. Sa prestation sexuellement inadmissible, lui a donc été fatale.

 

 

 

- Putain qu’elle histoire !

 

 

 

- Alors tu vois. Et je ne te raconte pas le son, les interprétations délirantes de Joe. Miles c’est de la gnognote à coté. Tellement Miles était bluffé par cette femme qu’il a décidé de lui dédier, très discrètement évidemment, un témoignage de reconnaissance.

 

- Non.

 

- Puisque je te le dis.

 

- Quoi, un titre ?

 

- Non, une représentation de son corps et de sa longue coiffure rousse sur un de ses albums. Sur la pochette de l’album “Bitches Brew”, la fille au centre c’est Joe di Mangio.

 

- Oh, qu’est ce tu racontes ?

 

- Je te dis la pure vérité.

 

- Oui je connais cette pochette évidemment.

 

- Eh bien tu vois.

 

- Mais est ce que t’as un CD ?

 

- Comment un CD ?

 

- Et bien, est ce que tu as un enregistrement de Joe di Mangio à me faire écouter ?

 

- Je suis fatiguée. Il reste de l’aspirine quelque part ?

 

- T’as du Joe di Mangio à me faire écouter ?

 

 

 

Tout en se massant le front, Marie lui répondit. Sa voix fut sèche.

 

 

 

- Non ! Mais écoute, je crois que t’as du Miles Davis. Pour Joe di Mangio, qui est la plus grande jazzwoman de tout les temps, tu n’as qu’à imaginer que Joe di Mangio est Miles Davis. Tu verras, on a l’impression en écoutant Miles, que c’est beaucoup plus sensuel lorsqu’on imagine que c’est une femme qui joue.

 

- N’importe quoi … T’es vraiment trop nulle ce soir. Si ça se trouve ton histoire… Je la vérifierai demain. Je parie c’est une légende. C’est que du flan.

 

 

 

Seul le souffle aérien d’une trompette inondait le silence du salon.

 

Pendant quelques instants, ni Francis, ni Marie ne dirent un mot.

 

 

 

Francis se resservit un verre de “Père Labat”. Se redresser du fauteuil, lui demanda un effort visiblement important. Ses gestes étaient mécaniques et tout son corps était lent. Se verser de l’alcool dans son verre n’était plus qu’une fin en soi, car il en oublia même son besoin initial. Il reposa le verre plein sur le rebord de la table basse, puis n’y prêta plus aucune attention.

 

 

 

Cette discussion avait complètement abruti Marie.

 

 

 

De son coté, Francis était fatigué et contrarié. Marie avait des migraines de plus en plus douloureuses. Et cela cognait dur et il allait falloir se déplacer soi-même.

 

 

 

Elle regarda attentivement Francis qui s’assoupit un instant. Il ferma les yeux. Sa tête reposait en arrière sur le fauteuil.

 

 

 

Marie se leva du canapé et se dirigea dans la chambre à coucher. Elle ouvra le tiroir bas du chevet et récupéra ce à quoi elle pensait depuis le début de la soirée. Elle passa dans la cuisine, puis ouvrit le robinet d’eau froide. Elle prit un verre, le remplit et but lentement. Puis, elle passa la main sous le jet d’eau et s’appliqua les doigts sur le front. Elle revint dans le séjour et s’installa à nouveau confortablement dans le canapé.

 

 

 

Après quelques minutes, Francis ouvrit les yeux et regarda Marie fixement. A ce moment précis, il était bien éveillé. Il remarqua un changement dans le comportement de Marie, car il lui fit une grimace de dégout.

 

 

 

« C’était vraiment débile ton histoire, n’importe quoi … Joe di Mangio n’a jamais existé ».

 

 

 

Marie se redressa. Coincé fermement dans la paume de sa main, elle braqua le révolver sur Francis et lui tira méticuleusement toutes les balles du barillet dans le ventre.

 

 

 

Elle se retourna doucement, avança vers le fauteuil, prit le verre de rhum et le porta lentement à ses lèvres. Elle but les quinze centilitres d’alcool à 55°, puis reposa ensuite le verre sur la table basse. Elle posa également le revolver à coté de la bouteille de rhum. En se retournant vers l’homme qui avait les yeux blancs, grands ouverts, elle lui adressa un dernier murmure.

 

 

 

« …. bien sur que Joe di Mangio n’a jamais existé, et c’est bien dommage. Mais moi je te parie que Miles en aurait été complètement raide dingue amoureux, de Joe, et à tel point qu’il aurait laissé sa trompette au placard … ».

 

 

 

Marie rentra dans la cambre à coucher, puis fit tomber sa nuisette au sol. Assise sur le lit, elle retira sa perruque noire. Puis d’une main ample, elle libéra ses longs cheveux roux qui se déversèrent doucement sur sa nuque blanche. Il était temps de se coucher.

 

*

**

*

    

 

 

 

 

 

 

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Je me souviens

Je me souviens de mes cahiers dans lesquels je gribouillais mes premiers dessins.

 

 

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24-12-09

Précautions & avertissements aux lecteurs porteurs de la grippe H1N1

 

Les fautes de grammaires sont à la littérature ce que les fausses notes sont au rock.

 

Que je sache, on a jamais exigé à Joe Strummer, d’écrire la suite de la Symphonie inachevée de Schubert. 

 

Ceci pour dire, en ce jour de Noël, que je démarre l'écriture, que j'aime le rock et que ce sera donc avec plein de larsen dans les versets. 

 

 

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